Durant mon périple de plusieurs mois en Australie, j’élirai domicile dans une ville au climat tropical, où même les orages sont beaux. Allez, viens, j’t’emmène vivre aux battements incessants de la capitale du Queensland, j’ai nommé Brisbane, Brissie pour les intimes.

…BRISSIE ET MON CŒUR AUSSI…

Je tomberai très vite amoureuse de Brisbane. Les sentiments ont beau être décuplés avec la distance, cette vérité n’en est pas la seule explication. Outre le fait qu’elle soit une capitale d’état, elle donne l’impression d’un grand village, ce qui la rend accessible et très agréable. Pour commencer mon aventure sur les chapeaux de roues, c’est au Lone Pine Koala Sanctuary que je découvrirai une faune exceptionnelle. J’aurai la chance de porter un koala dans mes bras, depuis le temps que je voulais les voir, ces petites boules de poils… Je les observerai se déplacer sur les branches d’eucalyptus, avec leurs oreilles qui leur donnent un air innocent, leurs yeux équivalents à de grosses billes et leurs griffes qui rappellent que ce sont avant tout des animaux. Des kangourous viendront grignoter dans ma main, j’aurai même la chance de voir une maman portant son petit dans sa poche. Je suis subjuguée par leur manière de se tenir et de se déplacer sur leurs 2 pattes arrières et leur queue qui les soutient. Leur force est à ne pas sous-estimer, encore là, ce ne sont pas des jouets, et quand ils commencent à se bagarrer, il vaut mieux s’éloigner… Je servirai de perchoir pour quelques perruches et j’apprendrai comment raser un mouton… Des aigles, des serpents, des oiseaux et parmi eux, encore quelques incontournables du pays, des cacatoès, des émeus, des wombats, des goannas, des dingos et des diables de Tasmanie. Je suis dans un autre monde, comme si je marchais sur l’eau ou sur le feu, je ne sais pas très bien mais je suis sur un petit nuage…Après cette journée riche en découvertes, nous prendrons la direction du Mount Coot-Tha Lookout. Ce point de vue, en plus d’être bien aménagé, offre une vue panoramique exceptionnelle sur Brisbane et ses environs. Si le temps est vraiment dégagé, il n’est pas exclu d’y voir jusqu’à l’océan. C’est à ce moment là que je me rendrai compte de l’étendue de la ville, qui avec toutes ses banlieues réunies, regroupe pas loin de 1 600 000 habitants.

Je prendrai place, petit à petit, et je découvrirai, à mon rythme, tout ce que cette ville a à m’offrir. Je passerai un temps incalculable à South Bank, quartier aménagé sur le bord du fleuve. On y trouve un lagon artificiel, des piscines, des jeux pour les enfants, des marchés, des balades sous des bougainvilliers, des potagers, des cours de yoga sur la pelouse verte, des festivals, le tout aux frais de la princesse! Il y a aussi des bars, restaurants, glaciers et une grande roue pour profiter de la vue saisissante sur le quartier des affaires. Des barbecues équipés sont à disposition, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les gens en prennent soin! Et au milieu, évoluent de jolis et gentils oiseaux, dont l’envie de les réduire à néant apparaissait en moi à chaque fois que je les voyais. Les Ibis blancs sont, en réalité, un vrai fléau. Ils cherchent constamment à manger et n’hésitent pas à vous attaquer de leur bec long de plus de 20 cm pour vous piquer votre repas. Certes, Brisbane n’est pas située en bord de mer, mais les australiens ont su s’adapter! En plus de tout cela, c’est l’endroit idéal pour se cultiver. Le Queensland Art Gallery, Gallery of Modern Art, le Maritime Museum, le Queensland Museum and Sciencentre, l’Opéra, la State Library of Queensland, rien que ça… J’aurai pu vivre à cet endroit, j’aurai pu y passer ma vie tellement les jours se suivaient sans se ressembler. C’est ici, à l’Opéra de Brisbane, que nous aurons la chance d’assister à la représentation de la Belle au bois dormant et de Cats. C’était tellement ça, l’idée que je me faisais d’une ville australienne: des aménagements, des activités, une vie en extérieur tout en profitant des petits bonheurs quotidiens…

Mais, ce qui fait la beauté de Brisbane, en plus de sa nature et de son climat, ce sont ses quartiers. Il y en a pour tous les goûts, toutes les occasions, toutes les humeurs. Cosmopolite au possible, son jardin botanique, ses centres commerciaux, son climat tropical où l’orage effrayant ne prévient pas. C’est la diversité culinaire, la gentillesse des gens, des backpackers par centaines. C’est aussi Fortitude Valley pour faire la fête, ou Riverside pour boire un verre. C’est New Farm, quartier bobo et son Brisbane Power House; West end où la mixité opère; Kangaroo Point et sa vue sur les berges; et le CBD (Central Business District), le quartier où tout le monde se croise. Comme tout centre-ville qui se respecte, l’affluence est au rendez-vous, les gens y mangent sur le pouce, viennent faire leurs courses avant d’atteindre la Central Station pour rentrer à la maison. Se déplacer dans la ville est une des choses les plus simples que j’ai eu à faire. Les axes sont quadrillés et, pour couronner le tout, chaque rue porte un nom de la famille Royale Britannique. La Reine possédant tous les pouvoirs, c’est à partir de Queen Street Mall, la rue piétonne du centre-ville, que tout commence. Artère peuplée de magasins, restaurants, pubs, cinémas ou encore lieu de dévergondage nocturne, c’est The Place to Be. En parallèle à celle-ci, vous trouverez les rues portant un nom féminin; en perpendiculaire, les noms masculins. Pourquoi se compliquer la vie? Le service des bus est digne de recevoir la palme d’or, quasiment aucun retard, les chauffeurs se saluent entre eux, des voies leur sont dédiées, en ville ou sur l’autoroute, il y en a des centaines qui desservent la ville le jour, un peu moins la nuit. Des navettes fluviales, les CityCats, permettent de circuler d’un point à un autre le long de la Brisbane River, mais elles permettent aussi une jolie découverte de la ville. Les berges du fleuve sont aménagées afin de laisser place aux vélos dotés de leurs antennes sur le casque pour se protéger des attaques d’oiseaux, aux coureurs ou aux piétons. Un autre lieu vous permet de vous évader en pleine ville, le City Botanic Garden vous offre un havre de nature avec toute la flore et la faune nécessaire pour vous aider à respirer…

…NOËL SOUS LES TROPIQUES…

En arrivant en Australie courant septembre, il était assez évident que j’y passerai les fêtes de Noël. Vers la mi-novembre, les décorations commençaient déjà à se montrer un peu partout dans la ville. C’était assez étrange, je n’avais pas l’impression de ressentir ce que je ressens habituellement à cette période de l’année. Mais, ce n’est pas pour dire que je ne ressentais rien non plus. A des moments, je devais me convaincre que nous étions en novembre, ce qui voulait dire l’automne en France, mais le printemps de l’autre côté du globe. Finalement, je me laissais guider par les autres, ceux qui osaient porter un bonnet rouge sous un soleil de plomb et je finis par me convaincre moi-même.

Dans les centres commerciaux, les traineaux de Père Noël prenaient place, dans une ambiance chaleureuse, où on pouvait entendre les chants de Noël remplaçaient la musique tonitruante habituelle. Les guirlandes lumineuses clignotaient sur la façade des maisons et on assistait à de jolies mises en scènes dans certains jardins, publics comme privés. A South Bank, le marché de Noël pris place tous les jours jusqu’à début janvier. C’était féerique. Il y avait foule, les gens n’avaient pas peur d’avoir froid. Les stands étaient tous très bien agencés, la décoration était parfaite et on pouvait même déguster un bon lait de poule. Une odeur de pain d’épices planait sur tout ce petit village. Il était tout à fait envisageable de passer la journée au lagon, de faire un tour au marché et de terminer la soirée en beauté en terrasse, profitant des derniers rayons de lumière qui nous plongeaient vers une atmosphère plus tamisée. Et puis, vient le temps des films sur grand écran. Alors ça, c’était mon péché mignon… Deux fois par jour, pendant les dix jours précédents Noël, des films de Noël étaient projetés sur un grand écran installé juste au-dessus du lagoon. Pieds dans l’eau ou assis sur le sable, à chacun sa préférence pour pénétrer dans ce monde magique tout en admirant le coucher du soleil sous les palmiers. Dans la ville, les chorales circulaient dans les rues, les parades se faisaient entendre, la Mairie revêtit son plus beau costume pendant que certains accrochaient la dernière boule sur le plus grand sapin que je n’avais jamais vu, sur King George Square. Ce sera devant un parterre noir de monde que les illuminations seront lancées et seront prolongées par les feux d’artifice quotidiens lancés depuis South Bank, après chaque film. Certes, tout cela doit coûter bien cher, mais quelle ne fut pas ma surprise accompagnée d’un brin de culpabilité quand je réalisais que je n’avais déboursé aucun Dollar australien pour vivre tout cela. Je comprenais enfin que ce qui fait de Noël une fête si spéciale, c’est que cela reste avant tout une fête de partage, un moment d’amour. Voilà ce que j’ai ressenti en vivant Noël différemment de mes habitudes, loin du froid, des cadeaux sous le sapin et de ma famille…

Je n’en serai pas loin quand même car je passerai la veille de Noël avec ma cousine de cœur, à déguster un délicieux repas composé d’avocats, de fruits de mer et de mangues, en robe et flip-flop aux pieds. Je dois vous avouer que cela m’a charmé. Et, pour couronner le tout, le lendemain, nous aurons une de nos plus belle party cosmopolite entre amis, et l’immanquable bûche de Noël!

Alors oui, ça change, c’est différent, mais passer Noël sous les tropiques, avec mes amis et la petite famille que nous nous sommes créée restera un de mes plus beaux souvenirs…

…NOUVELLE ANNÉE, NOUVELLES AVENTURES…

Après un trip de plusieurs jours dans le sud et le centre australien, chacun partira vivre sa propre aventure. Retour en France pour l’une, départ en quête de travail agricole pour d’autres, il était temps pour moi de remercier ma cousine de cœur pour son hospitalité plus que généreuse et gagner la ville pour une belle colocation.

Armée de mon abonnement téléphonique de chez Optus, ma carte bancaire de chez Commonwealth, c’est à Spring Hill, un quartier proche du CBD, que j’élirai domicile. Rien que le nom me faisait rêver… En colocation dans une petite Queenslander, maison en bois typique de la région, nous nous partagerons les lieux entre français et colombiens. Les jours (et les nuits) furent bercés par la musique latino, par des soirées à thèmes improvisées, par des sorties à Fortitude Valley à danser la salsa au Cloudland ou à boire un verre au Friday’s à Riverside. Uber fût mon meilleur allié pour assurer mes déplacements nocturnes. Nous irons festoyer auprès de la jeunesse australienne au Down Under Bar, où nous serons épatés de voir leurs limites bien loin des nôtres. Je vouerai un culte à Woolworths, parfois je lui serai infidèle en faisant mes courses au Coles ou IGA du coin. Je serai incollable sur les rayons du Myer, Target ou K-mart. Je remarquerai que les bouteilles de vins n’ont pas de bouchons en lièges en me rendant dans un des nombreux bottlestore, ID (carte d’identité) en main. Durant quelques mois, je vivrai au cœur de cette ville, presque d’amour et d’eau fraîche, au rythme de petites habitudes qui ne faisaient que repousser au plus loin l’idée d’un éventuel retour. Rien que d’imaginer ne plus vivre cette vie là m’empêchait de respirer.

Pendant ce temps là, j’aurai la chance de participer au Festival du film français de l’Alliance Française (French Film Festival). Un des plus grands festivals de films en Australie, premier festival du film français à l’étranger, il se produira dans les 6 plus grandes villes du pays à savoir: Sydney, Melbourne, Canberra, Perth, Adélaïde et Brisbane. Ce sera un pur bonheur de voir l’intérêt des australiens pour notre culture filmo-graphique, et cela restera une très jolie expérience qui me permettra de me rendre compte d’une communauté francophone bien présente.

Je commençais à créer ma bulle, à tisser des liens, à avoir des habitudes. Après quelques expériences de jobs, je comprendrais qu’ici, on te laisse tenter ta chance, une voire deux fois, mais pas trois!

…MA VILLE DE CŒUR…

Malgré le temps qu’elle mis à se démarquer de ses voisines, Brisbane est une ville où il fait réellement bon vivre. Entre les amoureux de Sydney qui la trouvent trop sage et les fans de Melbourne qui l’étiquettent trop discrète, elle a su conquérir mon cœur d’allergique aux grandes villes. Sur ses airs de village, elle offre tout ce qu’elle a à qui le veut. Dynamique tout en restant abordable, c’est une ville où la vie coule sans stress. Son climat est définitivement séduisant avec un été spectaculaire et généreux, contre un hiver aussi doux que possible. Je me suis sentie vivante en déambulant dans ses rues, me projetant sans difficulté aucune pour encore quelques temps. Mais, le manque de visa, l’appel de la famille et des amis furent plus fort. Brisbane, je reviendrai…

 

Mary JANE.