Avant mon départ long courrier pour cette terre à l’autre bout du monde, j’avais en tête des envies, des idées, des paysages. La liste était longue, mais une ville était dans le top 10. Alors, viens, j’t’emmène découvrir avec moi cette ville du New South Wales (Nouvelle Galles du sud) qui a tous les attraits d’une capitale sans l’être…

…LA RENCONTRE…

À à peine deux heures de vol de Brisbane, me voici dans les airs pour découvrir Sydney, avec la compagnie lowcost TigerAir. Folle de joie, pleine d’excitation, je ne verrai pas passer le voyage. Atterrissage nocturne, pas de hublot à ma portée, ce ne sera qu’un bain de lumière qui viendra illuminer mon visage. Sourire aux lèvres, air un peu niais totalement assumé, je serai encore une fois surprise de la facilité à se repérer, se déplacer dans cet aéroport et ce, malgré l’heure tardive. Pas de stress, pas de précipitations, pas d’insultes, tout semble simple et fluide. Et ça l’est. Les premières impressions sont souvent les meilleures, me voici donc bien rassurée, j’étais convaincue que j’allai avoir du bon temps par ici. De l’aéroport, je rejoindrai la ville en navette. Une fois les escalators remontés, je sentirai cet air chaud accompagné de ce petit vent qui vint me rappeler que je suis en bord de mer. Je venais d’arriver à Circular Quay. Je ne le savais pas encore, mais je me trouvais à l’endroit névralgique de l’agglomération. Je ne le voyais pas encore, mais j’étais à moins de cinq minutes de marches de l’Opéra. Je ne m’en doutais pas encore, mais j’allai réalisé un rêve, encore un…

Pour l’heure, je devais me rendre à Manly, un quartier situé à une dizaine de kilomètres du centre. Et quelle ne fût pas ma surprise quand le gentil monsieur à qui je demandais ma route m’indiqua la direction d’un ferry. Il était tard, je me sentais en confiance, l’endroit été animé mais, je ne voulais pas m’attarder, j’étais attendue… Ticket en main, sac sur le dos, me voici embarquant sur ce joli bateau qui semble être d’époque. Il fait nuit noire, j’observe quelques étoiles dans le ciel pendant que les derniers passagers passent le pont. La plupart semblent être des travailleurs qui rentrent chez eux après une journée de boulot. Au fond de moi, je me souviens avoir pensé « Il y a pire comme transport pour finir sa journée »… Le bateau démarre avec un joli bruit sourd digne de Titanic. Je décide de prendre place dehors, même si le fond de l’air ne semble pas très chaud, je veux profiter de la vue. Et cette vue la m’a valu une surprise qui me serra l’estomac… La chair de poule m’envahit, le souffle coupé comme si nous frôlions un iceberg ou ne sais-je quoi d’autre. Je le vis, là, tout près de moi, le Sydney Opera House. La fatigue, l’émotion et l’inconnu font couler en moi des larmes. J’étais tellement émue que l’envie de partager ce moment fût essentiel. Je pris le téléphone et je dis :  » Maman, je voulais juste te dire que je sais pourquoi je suis partie à l’autre bout du monde. j’ai l’Opéra de Sydney juste en face de moi et ça me fait pleurer parce que je crois que je suis fière de moi. Est-ce que tu te rends compte, maman? Je ne me serai jamais sentie capable de vivre tout cela et d’être là où je suis aujourd’hui. Et tu sais maman, un jour, je t’emmènerai… » Les yeux pleins de larmes, je me trouvais à l’autre bout de la Terre, en train de vivre un voyage qui s’apparentait à un rêve, encore un autre. À ce moment précis, j’étais consciente de tout et fière de moi. Je ne l’ai pas quitté des yeux, je l’ai suivi, scruté jusqu’à ce que le bateau quitte la baie pour se diriger vers Manly. Et c’est en me retournant que je l’aperçus, cet autre monument doté d’une renommée internationale, le Harbour Bridge. Ce pont, c’est la porte d’entrée dans ce monde. Il est beau, imposant, de fer vêtu, le tout sans ôter la vedette à son voisin, mieux, ils forment un ensemble, un duo gagnant, une paire royale.

…MANLY…

L’arrivée fût une belle surprise. Un joli petit port, des guirlandes, des restaurants, une plage, bref, une impression de petite station balnéaire pleine de vie et ce, même un jour de semaine avec la nuit tombée. C’est ici que j’aurai la chance d’élire domicile pour trois nuits. Je ne me lasserai pas d’emprunter le ferry pour mes allers et venues, tout en jonglant entre celui d’époque et le rapide. Son slogan « À un peu plus de 10 km de Sydney et à mille lieues de tout tracas« , prendra tout son sens au fur-et-à-mesure de ma découverte. Cet endroit semble tellement loin de l’agitation de la ville… Sa plage principale, Manly Beach, est comptée parmi les plus belles de la région et il y a de quoi. Elle nous accueille à bras ouverts après avoir traversé l’artère principale, à l’opposé du port. Bordée de palmiers et de sables blancs, il est possible de la longer en arborant la Manly Scenic Walk. Ce petit sentier dessert d’autres plages plus calmes, de petits magasins et restaurants. La fréquentation se fera plus rare une fois au Harbour National Park. Une très jolie balade qui peut se solder par un pique-nique ou une leçon de surf… La vie est paisible ici, le temps semble s’arrêter…

…SYDNEY – ELLE-MÊME…

Pas beaucoup de temps à lui consacrer, Sydney se montrera généreuse et facile d’accès. Refusant de prendre un ticket pour un bus Hop on Hop off, écartant l’idée d’une visite de groupe, je rencontrerai cette ville à l’ancienne, avec mon National Geographic dans une main et mon appareil photo dans l’autre, à ma manière tout simplement.

L’émotion de la veille n’a fait que renforcer mon envie et ma curiosité. De retour à Circular Quay, me voici longeant le bord de mer, me faufilant au milieu de cette foule composée de touristes bobs sur la tête, locaux profitant d’un dernier café à l’air libre avant de rejoindre le bureau, sous le cri des mouettes, poussée par une petite brise matinale. Imposant, étonnant, intriguant… L’opéra. Me voici le contournant afin de trouver une explication à ses formes qui me paraissent, au début, plutôt fantasques tel un papillon, voiliers, coquillages… Il me suit, il m’observe, il me dévisage et je suis sûre qu’il rit de moi! Je décide finalement de laisser planer le doute et de garder cette incompréhension qui rend cette œuvre du danois Jorn Utzon, achevée et inaugurée en 1973 par la Reine Elizabeth II encore plus abstraite.

Le reste de mon séjour sera bousculé par une balade dans le Jardin Botanique royal, exceptionnellement beau, vert et immense avec une trentaine d’hectares. Abritant musées, serres, palmeraies, roseraies, et j’en passe, cet espace vert est un vrai oasis qui amène d’un côté à rejoindre la ville, d’un autre à la baie de Farm Cove. C’est en prenant cette direction que je me retrouverai à contempler les planches à voiles, et surtout, à observer une vue poignante sur l’Opéra et sur son compère, le Harbour Bridge.

A défaut de marcher sur ce pont métallique composé d’un seul arc mondialement connu et inauguré en 1932, je me contenterai de l’admirer par dessous en longeant Circular Quay pour atteindre The Rocks. Plus vieux quartier de la ville, cette balade m’amènera vers Barangaroo, quartier en pleine réhabilitation. Me voici déambulant au milieu d’architecture mixte, de lofts, cafés branchés et de hangars retapés…

Je ferai un crochet par Hyde Park et je me perdrai sur Oxford Street. J’arriverai du côté de Paddington où le côté chic me donnera envie de revenir vers le centre-ville. Avec toutes ces annotations britanniques, je ne sais plus très bien où je me trouve… Sur mon chemin, je contournerai la cathédrale Sainte-Marie, habillée de ses vêtements de Noël. La chorale s’échauffe la voie, le concert est pour ce soir…

J’irai faire un tour vers le quartier des affaires où je tomberai sur un des plus beau centre commercial que mes yeux n’aient jamais vu, le Queen Victoria Building. Haut de 4 étages, construit dans les années 1890, je pénètrerai dans un univers mixant une architecture victorienne et byzantine et rassemblant autant des magasins que des restaurants.

…BONDI (dit Bondaï)…

Me voici dans le bus, direction « The place to be« , j’ai nommé Bondi (dit Bondaï). Cette banlieue de Sydney est assurément l’endroit le plus populaire de la région. Autant j’appréciais l’attitude paisible de Manly, autant ici la fréquentation y est plus dense et plus jeune ! Sa plage, située dans une baie, encore une, lui donne un mouvement circulaire. Dans le sable ou sur la pelouse, la moindre parcelle est occupée par des étudiants, des touristes ou des locaux promenant leur chien. J’observais très attentivement tout ce qu’il se passait devant mes yeux, le lifestyle à l’australienne. Surf, roller, vélo ou encore à pied, n’importe quel moyen est bon et stylé pour se déplacer. Les quelques artères qui remontent la plage sont bordées de bar branchés, restaurants hypsters, petits magasins à la mode et galeries d’art. Une grande partie des gens que je croise semble tout droit sortis de Vogue, bien que certains n’ont pas beaucoup de tissu sur eux, on les excuse, il fait chaud par ici… Après avoir flâné dans cette ambiance de zenitude et de mode, je me dirige vers un petit sentier qui donne le départ de la Coastal walk. Cette balade d’une heure environ permet de relier les différentes petites plages et baies depuis Bondi jusqu’à Coogee. Un paysage magnifique, parsemé de lieux de détente, de sport ou de restauration. Tu ne veux pas te baigner dans l’océan ,mais tu veux quand même te rafraîchir? Pas de problème, ici on pense à tout. Alors, tu trouveras sur ton chemin quelques bassins qui te permettront de te baigner tout en profitant de cette vue extraordinairement bleue et dégagée.

…LES BLUE MOUNTAINS…

Des montagnes à Sydney ? On me l’avait dit, mais je n’en croyais rien. Pas vu, pas cru comme je dis souvent… Et comme j’adore rêver et encore plus voir de mes propres yeux, je pris la direction de la Central Station de Sydney à 8 heures du matin, un jour de semaine, dans l’attente de monter dans un train direction les Blue Mountains. En plein centre, la gare est la plus grande d’Australie avec pas loin de 250 000 déambulants par jour. J’étais loin de me douter qu’en passant la porte de ce bâtiment d’époque, doté de style et orné d’une belle horloge à l’anglaise du haut de sa tour, j’allais me trouver au cœur d’un carrefour humain, le tout en silence et en sourires. Sol en marbre, de nombreuses arches viennent poser le décor en briques claires ou en fer. L’espace est grand, les plafonds sont hauts, tout est simple et malgré la fréquentation, on respire, comme d’habitude ici.

Nous sommes en plein mois de décembre, il n’y aura pas de neige mais un grand soleil. Assise bien sagement dans mon wagon, je dévore ce paysage magnifique qui découle sous mes yeux, classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Un mélange de forêt d’eucalyptus et de petits villages défilera avant l’arrivée en gare de Katoomba. Ici pour la journée, je ne perds pas de temps et me dirige vers le site le plus connu de la région, Echo Point. Malgré la chaleur, je n’aurai qu’à suivre les touristes pour arriver à destination. La ville n’a pas vraiment d’intérêt pour les yeux, ça tombe bien, je suis là pour la nature qui l’entoure. Après plusieurs minutes de marches, me voici en face d’un point d’observation avec un centre d’informations, d’où les bus garés les uns à la suite des autres. Mais surtout, il s’agit du spot idéal pour une vue plongeante et grandiose sur une nature brute et quasi intacte qui dévoile quelques formations rocheuses surprenantes sur une terre initialement aborigène. Je passerai quelques minutes à scruter l’horizon et à m’imaginer cette époque, à ce temps où les conquérants n’étaient pas encore arrivés… Mon attention fût attirée vers un attroupement de gens se prenant en photos. Et je les vis, là, sur ma gauche, 3 rochers signant le début du vide. En plus de se fondre sur un fond tapissé de verdure à perte de vue et de jouer avec les lumières du jour, The threes sisters ( les trois sœurs), sont légendaires. Meehni, Wimlah et Gunnedoose seront transformées en pierre afin d’être protégées d’une guerre tribale due à des amours interdits… Enfin, cela est une des version reconnue… Quoi qu’il en soit, ce drame romantique ne viendra en aucun cas entacher le reste de mon temps qui sera éblouie par des cascades, revigorée par des sentiers bordant des falaises, secouée par des trajets en télécabines et oxygénée par une nature extraordinaire.

Alors non, je n’y aurai pas vu la neige, ni de koalas d’ailleurs, mais cette journée aura eu le mérite de me faire découvrir un paysage digne de la grandeur de ce pays, à seulement quelques kilomètres de Sydney.

…LA TEMPÊTE…

L’heure du retour sonne et c’est en fin de journée que je reprendrai le chemin de l’aéroport. Je regarde une dernière fois autour de moi, j’ai du mal à me dire que c’est sûrement un adieu… Puis, je lève les yeux au ciel et je le vois, ce gros nuage qui avance vite, très vite sur nous. Pas de panique mais il est quand même très foncé pour une simple constitution d’eau…

Me voici fondue dans cette masse humaine, valise à la main, tête rivée sur le panneau des affichages. À mon tour de souffler, mon vol est retardé. Il ne sert à rien de s’angoisser, d’ailleurs, mis-à-part quelques râleurs, mon entourage reste calme. Retardé une fois retardé, puis deux, le tout sans explications. Je pars en quête d’une place bien confortable, j’ai l’impression qu’on va en avoir pour un bout. C’est en m’installant devant un mur vitré que je réalise la situation. Une énorme tempête est en train de tomber sur Sydney. Le ciel est noir, le tonnerre gronde, les éclairs s’en donnent à cœur joie. Très bien, effectivement, il est préférable de rester là où nous sommes. Ce sera quelques minutes plus tard que nous en serons convaincus. Cette terreur météorologique viendra s’abattre sur nous, le personnel nous demandera de nous éloigner des fenêtres. Sur le tarmac, les avions sont remués, les voiturettes se précipitent à l’abri, tous les écrans de télé sont branchés sur la même chaîne d’informations. La ville n’en est pas à son premier, et malheureusement, pas à son dernier non plus…

Enfin dans l’avion, soulagée, je fais le point sur ce que je viens de vivre. Cette rencontre m’a séduite. Loin d’être une grande fan des grandes villes, cette pseudo-capitale m’a rendu la vie belle durant cette courte semaine. Sydney m’a baladé, à son rythme, sous son soleil qui lui colle à la peau, avec son mode de vie cool et relax et son architecture mélangeant divers styles. Malgré un passage éclair, j’aurais vu de mes yeux le Harbour Bridge et monté les marches de l’Opéra. Tout ce que j’ai pu vivre en plus, c’était du bonus. Cinq jours de marches, d’émerveillements et de découvertes,de surprises en surprises, aux couleurs australiennes. Cette visite m’a conforté dans mon choix, Brisbane restait l’endroit où je devais être et j’étais d’ailleurs en chemin pour la retrouvée…

 

Mary JANE.