…VANUATU, « NOTRE TERRE, NOTRE PAYS »…

Après 3 heures d’avion passées les yeux plongés dans cette immensité bleue, à la recherche encore une fois, d’un miracle, d’une baleine ou pourquoi pas d’un banc de dauphins, me voici sur le tarmac. Je posais mon premier pieds à terre, sur cette terre tant rêvée, sur cette terre que j’avais espéré, sur ce sol que je ne pensais fouler un jour. Les émotions étaient déjà de la partie, la chaleur mélangée à l’humidité aussi.

Je fus accueillie de la plus belle des manière à l’aéroport de Port Vila, sur l’île d’Efaté. Avec des gens dont le sourire peut concurrencer le soleil, en musique avec un petit groupe local, en tenue locale et avec des chants locaux, je me sentais la bienvenue. Une fois les formalités réglées, quelques Vatus dans la poche, monnaie locale, je devais me rendre à un endroit bien précis afin d’attendre plusieurs heures l’arrivée de ma future amie.

Une fois hors de l’aéroport, des dizaines et des dizaines de Vanuatais venaient à ma rencontre afin de me proposer leur service en tant que taxi improvisé. Brutale fût la première impression… Je devais me familiariser avec de nouveaux codes, avec de nouvelles façons de faire, je devais me fondre dans la masse et éviter l’étiquette de la petite touriste perdue. Je décidais d’attendre que ce tout petit aéroport se vide de ses derniers touristes afin d’agir calmement, après tout, j’étais loin d’être pressée, mon aventure ne faisait que commencer…

…LA RENCONTRE…

Il y a des moments dans la vie où il faut apprendre à suivre son instinct, faire confiance, oser… Me voici nez-à-nez avec un monsieur, âgé d’une soixantaine d’années, cheveux blancs anciennement blonds, attachés en queue-de-cheval, chapeau sur la tête, chemise et pantalon en lin blanc un peu froissés, le tout dissimulant une peau, elle aussi, blanche. Dans un anglais irréprochable, le voici me demandant où je désire me rendre. Il n’est pas taxi, il n’en a pas l’air. Bravant les codes de la voyageuse solitaire, je lui réponds honnêtement : « Je dois me rendre au Beach Bar, je dois rejoindre quelqu’un ». Ni une, ni deux, me voici à bord d’une Jeep, découvrant les premiers paysages de cette île, cheveux au vent, sur fond de musique traditionnelle, avec une personne s’improvisant guide pour l’occasion.

Les chemins sont sinueux, en terre, truffés de trous. Leurs bords sont occupés par des enfants qui courent derrière notre passage. Nous croisons quelques petites échoppes de bord de route, quelques personnes à pieds malgré la chaleur. J’observe des champs, secs, quelques palmiers en mauvais état et une poussière monstre remuée par notre vitesse, qui n’est pourtant pas excessive. Quelques vaches habitent le paysage. Je suis heureuse de voir enfin à quoi cela ressemble. Différent de ce que j’imaginais ? Pas vraiment… Je pense que mon passage en Nouvelle-Cal avant de venir ici m’a permis d’affiner ma perception. Nous voici arrivés au point de rendez-vous. Non seulement, cette course me fut offerte, mais en plus de cela, je comprends, au comportement du personnel des lieux, que l’homme avec qui je me trouve ne leur est pas inconnu. Mais qui est-ce ?

L’endroit est absolument magnifique. Je suis sans voix. La plage est belle, ouvrant sur une baie plus ou moins sauvage, offrant une vue dégagée sur une petite île juste en face. Nous sommes entourés de plusieurs autres touristes, dont quelques Français, tous, comme nous, blancs de peau. [J’apporte cette petite précision, car je me dois de rappeler que je me trouve à un endroit où l’ouverture au monde est encore toute récente, où le mot tribu est encore d’augure et où de par l’Histoire, les peaux blanches peuvent représenter une certaine menace.] Après avoir passé un bout de l’après-midi à échanger en anglais, il me propose une visite. Oh, et puis, après tout, pourquoi pas ?

…ATTENTE EN SURPRISE…

De retour sur cette route abîmée, nous voici longeant le bord de l’eau, pour arriver face à un grand portail. Une fois les portes ouvertes, je m’imaginais ces grandes propriétés de la Nouvelle-Orléans, dotées d’un long chemin bordé d’arbres amenant à un indécent domaine en guise de trône. Au fil des mètres, je comprends que la personne avec qui je suis n’est autre que le patron de l’exploitation de café la plus importante du Vanuatu. Il y a donc une culture du café ici. Et, c’est avec grand plaisir qu’il me fait découvrir son monde, de la récolte à la mise en sachet, de sa femme à ses employés. Vous croyez au hasard, vous ? Moi pas…

Donnant sur la même baie que tout à l’heure, j’apprends à déguster, depuis la terrasse, cette petite tasse remplie d’or noir, du café de l’île de Tanna. Je serre les dents en restant polie, mais mon dieu, qu’est-ce que je n’aime pas ça ! Prise de palpitations, la chaleur et la fatigue n’aidant pas, je prétexte vouloir profiter de la vue pour rester tranquille un moment afin de retrouver mes esprits. Cet homme est passionné. Il me montre, il m’explique, il me détaille les différentes étapes nécessaires pour arriver à un résultat pareil. Il parle vite, très vite, son anglais me paraît de moins en moins clair et je me déconcentre, petit à petit. Malgré tout, je tente de garder mon attention, par respect, mais je ne retiendrai pas grand chose de cette visite.

Avec une totale perte de la notion du temps, nous repartons vers le Beach Bar. Jusqu’à présent, j’avais la tête ailleurs, occupée à manger des yeux les moindres détails qui participent à la beauté de mon nouvel environnement. Mais il était temps que je me recentre, impatiente de rencontrer, enfin, pour de vrai, ma nouvelle camarade de voyage. Elle ne devait pas tarder, mais n’avait aucun moyen de me joindre. Je ne savais pas si elle a pu prendre son avion à temps, je ne savais pas si elle allait bien, je ne savais pas si elle avait pu trouver un taxi pour venir jusqu’ici me retrouver. Je ne savais même pas si cela valait la peine d’attendre… Je n’étais pas anxieuse, mais plus les minutes passaient, moins concentrée j’étais sur tout le reste. La nuit était tombée, et j’entendis enfin mon prénom. Elle était là. Ayant vu son visage à travers l’écran de mon ordinateur quelques jours auparavant, j’étais soulagée de la voir en vrai ! Maintenant, il est temps de commencer notre aventure, il est temps de nous découvrir, en croisant les doigts très forts pour que notre collaboration se passe du mieux possible.

Mary Jane.

ÉPISODE SUIVANT – LUNDI 18 FÉVRIER 2019