Mercredi 27 février 2019. 23 heures. Je pleure.

…POURQUOI ?…

Ce soir, j’ai mangé en regardant le Débat sur la Transition Ecologique. J’avoue avoir raté le début, plongée dans mon petit quotidien, j’en avais oublié la date. Mais, cela fut suffisant, comme à la fin de chaque films romantiques que j’adule, pour que je pleure.

J’ai évité une crise d’angoisse de justesse à force d’entendre que tout va mal. Et, quand j’entends que l’on parle de solutions sur cinquante ans, que l’on évoque des années comme 2030 ou 2050, moi ça me fout les jetons. Ce sont des dates tellement lointaines que cela me fait penser à la mort, à la mienne. Je ne suis pas éternelle, cela me rend anxieuse et je n’aime pas ça du tout. Pourquoi ne parle t on pas davantage au présent ?

…L’AFFAIRE DU SIÈCLE…

L’Affaire du siècle, qu’est-ce que c’est ? Pour reprendre leurs propres termes, l’Affaire du siècle, c’est :

« Quatre organisations d’intérêt général assignent l’État français en justice devant le Tribunal administratif de Paris pour inaction face aux changements climatiques. Leur objectif est de faire reconnaître par le juge l’obligation de l’État d’agir pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, afin de protéger les Français.es face aux risques induits par les changements climatiques. »

Vous l’aurez comprit, il s’agit tout simplement d’une action qui vise à porter plainte contre l’état pour son inaction en matière d’écologie. La planète va mal et la France échoue face à ses objectifs climatiques sur, notamment, la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voilà pourquoi Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France ont décidé de lancer une pétition internet, notamment sur les réseaux sociaux. A croire que la plupart des citoyens français se sentent concernés car, à l’heure où je vous écris, 2 146 399 l’ont signé.

La France n’est pas le seul pays à être trainé en justice pour inaction climatique. Appuyé par de nombreuses et nombreux influenceurs en tout genre, du blogueur aux personnalités célèbres et publiques, le mouvement est en marche. C’est bien le cas de le dire, car depuis le mois de novembre, des marches sont régulièrement programmées afin de montrer la prise de conscience sur l’urgence de la situation. Qui en sont les majoritaires organisateurs ? Les jeunes, oui, des lycéens pour la plupart.

…LE DÉBAT…

Et le mot gagnant de ce soir est… La peur !

Suite à l’assignation en justice de l’État français à répondre de ses manquements face à la justice, Mr de Rugy, Ministre de la Transition écologique et solidaire, accompagné par Mme Poirson et Mme Wargon, toutes deux secrétaires d’état auprès du ministre d’état, étaient présents face à un public riche et varié.

Cependant, tous ont un point commun, ils sont signataires de la pétition. Tous ont des idées, des craintes, des propositions, des coups de gueules qu’ils ont pu, pour la plupart, transmettre en direct face à ces trois personnages politiques. Le moment étant nommé « Débat », je le qualifierai plutôt de « soirée d’expression et de prise de note en vue du Grand Débat National » car aucune réponse concrète ne fut apportée ce soir .

L’échange s’est déroulé dans un respect général et mutuel, le ton est resté correct, la courtoisie était de mise, même si certains ont tenté de décrire clairement leurs angoisses et leurs attentes avec des mots forts et impactants…

…LE FOND…

Des étudiants, des retraités, des actifs, des professionnels, bref, une belle tablée avec des phrases percutantes, ont prit la parole tout le long de cette soirée, relayée en direct sur les réseaux sociaux. J’ai entendu des propositions de solutions concrètes notamment concernant le tri des déchets, sur notre mode de déplacement, sur notre mode de vie en général. J’ai entendu des cris du cœur de jeunes parents ne voulant plus avoir peur pour l’avenir de leurs enfants. J’ai entendu des espoirs fondés sur l’éducation, sur la communication, sur la sensibilisation. J’ai entendu certains remettre brièvement en cause l’Europe, j’en ai entendu d’autres croire à l’entre-aide à échelle locale. J’ai entendu des incompréhensions concernant les projets en cours, notamment concernant le projet de la Montagne d’or, en Guyane.

Face à cela, j’ai entendu des mots comme économie circulaire, taxe carbone, impopularité, système de pollueur/payeur… J’ai entendu qu’ils n’allaient pas attendre une quelconque réponse de la justice pour continuer à faire leur travail au mieux. J’ai aussi entendu que ce ministère là s’appelait avant tout « Transition », rien ne peut donc être fait immédiatement. Ils ont tenté d’apporter quelques précisions, de rassurer et de calmer les tensions. Pari gagné ? Pas sûr…

A tout cela, des retours tels que l’écart entre discours et actions est trop important, il faut arrêter ce système capitaliste qui nous pourri la vie, il faut arrêter d’opposer l’agriculture avec l’écologie, la réaction du gouvernement ne suffit pas, ne suffit plus. Leurs réponses ne sont, apparemment, plus satisfaisantes aux yeux de la majorité des présents de ce soir, dont certains refusent catégoriquement l’étiquette de « Bobo écolo ». L’écologie est bien plus qu’une idée politique, elle nous concerne tous.

…LE MOT DE LA FIN…

Avec 45 minutes de retard, le message de clôture est très clair :

« Nous n’avons plus le temps d’attendre que la sphère politique se réveille et réagisse. »

Où voit-on l’urgence ? Où sont les lois qui doivent être votées afin de sauver la planète, de sauver notre futur ? Où sont les réglementations ? Quelle est la réaction du gouvernement français face à tout cela ? Plusieurs qualifieront cet échange de « tentative de rapprochement « ,  » un coup de com raté « 

Cela fait trente ans que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) existe. Cela fait trente ans que ce bureau d’expertise œuvre, sans parti pris, avec environ six millions d’euros de budget annuel, à évaluer le changement climatique. Le saviez-vous ? Des noms tels que Nicolas Hulot, Elen Macarthur ou encore Greta Thunberg ont été évoqués, les connaissez-vous ?

Reconnectons-nous avec l’essentiel. L’urgence est là et notre modèle économique va à l’encontre de notre amour envers notre planète, pire, il va à l’encontre de ceux l’ayant mis en place : nous-même. Les glaciers fondent, les montagnes de plastiques s’accumulent, les abeilles meurent et nous attrapons des coups de soleil en plein mois de février. Les actions doivent être immédiates et si le gouvernement tend à réagir, le peuple se verra agir sans lui.

Et vous, que faîtes-vous pour nous assurer un demain ?

Mary Jane.