…ESPIRITU SANTO, ET SES NOIX DE COCOS…

Direction Port Orly, petit village de pêcheurs au nord de l’île où nous poserons nos valises pour deux nuits. Pressées de découvrir les lieux, notre enchantement dépassera toutes nos espérances. Elle et moi occuperons une cabane sur la plage, à dix mètres tout au plus de l’eau. Les autres filles logeront deux autres cabanons plus loin, chez le frère de notre chauffeur. Un judicieux mélange de pierre, de bois et de branches de palmiers, le tout entouré de bambou afin de délimiter un minimum les lieux et de nous offrir un brin d’intimité. À l’intérieur, le confort est sommaire, mais il y a l’essentiel. J’aurai un petit rictus nerveux en apercevant les commodités, qui sera rectifié en découvrant la tant espérée douche extérieure… Un cocktail de bienvenue nous attendra sur notre petite terrasse, face à la mer, entourée par deux énormes piliers latéraux sculptés en bois. Des cocotiers, des palmiers, le bruit des vagues et un hamac… L’eau est chaude et face à nous, l’île aux roussettes nous fait du charme. Voilà les conditions dans lesquelles je regarderai tomber le soleil ce soir.

Nous dinerons les pieds dans le sable, à seulement quelques mètres de notre logement, toujours bercées par le son de l’eau venant s’échouer sur la plage. Nous aurons l’immense privilège de goûter à du homard frais, très prisé ici, le tout pour quelques euros. Loin d’imaginer la nuit à laquelle nous allons avoir droit, je profite jusqu’au dernier moment de ce lieu inédit, apaisant et romantique. Une fois installées dans notre grand lit, sous les moustiquaires de couleurs, nous serons horriblement gênées par des grattages, des bruits, des grincements, bref, nous serons réveillées par la peur. La fatigue n’aidant pas, nous voici dehors, en plein milieu de la nuit, debout sur la table extérieure, hystériques et en tenues légères. Réveillé, notre chauffeur, aussi propriétaire des lieux, accourt afin de constater les dégâts. Nous avons fait la bêtise la plus élémentaire qu’il soit, nous avons laissé de la nourriture dans nos sacs, entreposés à l’intérieur. Seulement, nous sommes sur une île, nous dormons dans une cahute où les trous ne manquent pas. Attirés, nos chers amis les crabes géants se sont fait un malin plaisir de venir grignoter dans nos sacs. L’expression « Un enfer au paradis » prendra tout son sens ici. Malgré nos précautions, les rats se joignant à la fête, la seconde nuit sera la même…

Cernées, nous entamons cette nouvelle belle journée par une marche qui nous fera traverser des champs de cocotiers, rencontrer des vaches en liberté et admirer un point de vue qui vaudra presque tous les paysages que j’aurai vu jusqu’à présent. A cette hauteur, les dégradés de bleus seront évidents, l’organisation du village se dessinera devant mes yeux et nous apprendrons comment ouvrir une noix de coco à la machette. L’après-midi sera calme, chacune vaquera à son activité. Kayak pour certaines, repos bien mérités pour d’autres, traversée de la lagune pour les plus téméraires… Nous profiterons encore une fois d’un dernier repas au clair de lune, pour déguster, encore une fois, une queue de homard frais. Je profite de chaque minute, repoussant autant que possible le moment fatidique du coucher qui me donne des sueurs rien que d’y penser…

Mary Jane.

ÉPISODE SUIVANT – LUNDI 25 MARS 2019