…EFATE, NOUVELLE ARRIVÉE…

La fin du voyage approche, l’enchantement prend une odeur de fin. Après avoir dit au revoir à tout le monde, ma copine de voyage et moi-même reprenons la direction de l’aéroport, là où nous sommes arrivées quelques jours plutôt. Une nouvelle fois à bord de ce petit avion, nous revenons sur nos pas direction l’île d’Efate. Histoire de boucler la boucle, nous voici de retour pour passer trois jours à Port Vila. Et, sur ce coup, nous ne serons pas deux, mais trois ! Les péripéties rencontrées durant le voyage n’ont pas suffit à nous faire peur, ce qui motiva une fille du groupe à prolonger son séjour afin de le finir avec nous. Auberge de jeunesse pas chère réservée et pour cause, le minimum y est et cela nous paraît bien luxurieux. Après les derniers jours que nous avons vécus, un retour trop précipité vers un confort comme nous en avons l’habitude aurait pu être mal vécu, voire trop violent…

Ralentissant le rythme, nous arpentons la ville le premier jour. Loin d’être un bijou urbain, cette petite agglomération est très intéressante à découvrir. Premier lieu d’accostage pour les touristes, le nombre de bateaux de croisières ne se compte pas. Première destination exotique pour les Australiens et les Asiatiques, voilà par qui les rues sont majoritairement occupées et les complexes hôteliers réservés. Si sur les autres îles, nous avions l’impression d’être les seules, c’est une fois arrivées ici que nous déchantons. Les locaux s’étant adaptés à la demande, j’étais attristée de voir autant de magasins de souvenirs « made in China », de restaurants comme « chez nous ». La valeur pécuniaire y est de mise, les dollars étant grandement acceptés alors que le troc reste le moyen de commerce répandu dans le reste de l’archipel. C’était le lieu où tout commençait, c’était le lieu où tout finissait.

Nous en profitions pour faire un tour aux halles couvertes. Tous les légumes, tous les fruits et toutes les fleurs originaires des îles étaient en vente ici, en un seul et même lieu. Des ananas plus gros que ma main, des fleurs plus larges que ma tête, des bananes plus épaisses que mon bras, des poissons encore inconnus… Ici aussi, les négoces vont bon train, avec toutes ses nouvelles têtes, pourquoi les locaux s’en priveraient… Parmi les stars culinaires, le steak de bœuf du Vanuatu n’a plus besoin de se faire connaître. Sa renommée mondiale nous a forcément donné envie d’y goûter. Connaissant mon penchant pour la viande rouge, je n’ai jamais, oh grand jamais, manger un steak aussi bon, aussi tendre, aussi fondant. Mon couteau glissait tout seul et je vous passe les détails orgasmiques une fois en bouche. Une de leur principale exportation, et à juste titre !

…EFATE ET SON ÎLE RÊVÉE…

Afin de célébrer comme il se doit notre dernière journée sur ces terres, nous décidâmes de nous accorder une journée de détente et de relaxation. Avant de retourner à nos mondes respectifs, nous voulions atterrir en douceur, revenir vers une réalité progressive, vivre une transition.

Taxi réservé, nous voici prête pour quelques heures de prélassement au soleil, de snorkelling et de bouffée d’air marin. En route pour le Beach Bar, une façon peut-être de boucler la boucle en revenant au premier endroit visité lors de notre arrivée. De là, nous grimpons sur un petit embarcadaire qui va nous emmener, en moins de dix minutes, vers le Nirvana. Site protégé, l’entrée est payante. Quelques Vatus pour une journée au paradis, deal ! Loin de tout, les pieds recouverts de sable blanc, vue sur l’océan, l’odeur de l’huile de tiaré sur nos peaux… Me voici partie dans une rétrospective intérieure. Je me souviens du premier jour, je me rappelle mes premières sensations, assise sur la chaise du Beach Bar avec cet inconnu, producteur de café. Je me remémore tous ces moments où je me suis dépassée. Je grave tous ces paysages, j’imprime tous ces visages, j’enregistre tous ces bruits, j’inspire à plein poumons cette odeur, l’odeur de cette aventure, mon aventure. Sûre d’être loin des regards, je laisse couler une larme. Preuve de mon bonheur intérieur, je me sens en osmose avec tous les éléments qui m’entourent quand je sens plusieurs gouttes d’eau couler sur mon corps. Mes deux copines viennent me sortir de mon élément pour m’amener vers un qui l’est moins: l’eau. Mais avant de m’armer de mon tuba, de mon masque et de mes palmes, nous voici direction d’une petite cahute. Le petit magasin de l’hôtel propose des cartes postales bien curieuses, fournis des stylos à encre spéciale et vend des timbres imprimés spécialement pour cette utilisation. Me voici prête à faire quelque chose d’insolite. A quelques mètres de la plage, me voici tentant mon record d’apnée, pas bien difficile en sachant que l’eau et moi, nous ne sommes pas des proches. Ça y est, je la vois cette grosse tache noire, là, sous mes pieds. Respiration bloquée, je plonge. Les poissons sont là, magnifiques, mais ce que je vise, c’est cette petite bâtisse de deux mètres carrés tout au plus. Mes lunettes se scotchent sur mon visage, mes oreilles me font mal, comme si des milliers de cristaux s’y brisaient. Mais, je tiens bon, cette carte postale, j’arriverai à la poster dans cette boîte aux lettres marine. Soudées, les filles viendront m’aider à rendre mon papa heureux lorsqu’il ramassera son courrier quelques jours plus tard, de l’autre côté de la planète. Le coucher du soleil sera magnifique, nous l’admirerons jusqu’à sa fin, épuisées, lessivées mais avec un sourire gravé sur notre visage avec en prime, un sentiment de lâcher-prise total.

Pour notre dernière soirée au milieu de toutes ces îles enchantées, nous ferons la connaissance de son équipe de foot. Cette rencontre nous fera oublier la pluie s’abattant sur Port Vila et nous prendrons la direction de l’aéroport, une nouvelle fois, la dernière, le lendemain matin.

…VANUATU, TANGYU (merci)…

Me voici de retour de ce voyage qui restera à jamais gravé. Ce moment fut une réelle transition pour moi. Pas question d’oublier, de ranger, de caser, d’enfouir tout ce que j’ai vécu durant ces dix jours. Entre le dépaysement et les difficultés, les cultures et les dialectes différents, les codes et les traditions ancestrales, j’ai vécu l’enfer et le paradis en l’espace de dix jours. Et, je vais vous dire, le bien l’emporte toujours. Je ne vais pas minimiser le côté mise à l’épreuve de l’aventure, mais j’ai compris devoir m’en servir afin de repousser mes limites.

Je rentre riche, je rentre plus forte, je rentre fière de moi, je rentre avec la féroce envie de repartir. Au fond de moi, je me sens prête. Maintenant, je sais que je suis capable d’affronter la nouveauté, le changement. J’ai appris à apprivoiser ma peur, mes angoisses. Je me suis dépassée et je connais, à présent, le bonheur que cela peut me procurer. Je rentre aussi avec une nouvelle amie. Dix jours, c’est court pour rencontrer quelqu’un, mais dans des circonstances pareilles, nous avons formé un beau duo et bien que nous nous sommes retrouvées dans deux avions différents afin de retrouver nos vies respectives, le lien crée sera toujours là. Merci à elle…

Le Vanuatu est un endroit miraculeux et miraculé. Son ensemble est une richesse à préserver sur cette planète. Son peuple est détenteur d’un savoir exceptionnel. Ses paysages sont divins. Alors, j’ai envie de vous dire, oui, il y a de la magie ici, depuis des siècles. Je n’en ai pas été témoin directement, je n’ai pas vu de sorcier vaudou, ni de grosse marmite bouillir, encore moins de singe tapant sur un bâton en bois. Ce que j’ai vu par contre, c’est un peuple qui tente, comme il le peut de perpétuer ses coutumes tout en s’adaptant au monde extérieur. Et, clairement, je retourne à mon quotidien avec une réflexion différente, un point de vue changé, un œil critique. Je rentre convaincue que nous avons bien plus à ré-apprendre d’eux que l’inverse et, je rentre consciente qu’un simple geste de mon quotidien a une incidence certaine sur eux. Ils bravent tous les jours les caprices de mère nature, pourtant, ils sont toujours là, avec pour seule fortune, leurs bras ouverts, leur mains tendues, leurs sourires et leur cœur pour, tout simplement, vivre. Voilà de quoi instaurer le respect, voilà de quoi réfléchir…

Mary Jane.

FIN DE LA SÉRIE…