L’œil à l’affut du moindre détail appuyé par des lunettes rondes, le geste précis, un sourire éclatant, un bandeau dégageant ses cheveux blonds, voici Pauline. Rien n’échappe à cette jeune cadurcienne de 25 ans qui me reçoit dans son atelier de création où même Ali Baba ni retrouverait pas ses 40 voleurs. Si pour certains, l’avenir est tout tracé, pour d’autres, il est question de composition. Allez, viens, j’t’emmène découdre l’histoire de cette jeune couturière, le dé à la main …

Quand Pauline se remémore ses souvenirs, elle se revoit un crayon à papiers, un feutre au bout des doigts. Griffonner, inventer, colorier, voilà ce qui importait. Puis, place aux rêves: Paris, la mode, les maisons de couture, les grandes marques… Malgré la vie qui passe, l’envie reste. La voici donc poursuivant un Bac Pro métiers de la mode. Ensuite, comme beaucoup de jeunes lotois, direction la grande ville, Toulouse.

Après une année insatisfaisante de Fac en histoire de l’art, la voici dans un avion direction le Québec. C’est à Montréal qu’elle confronta ses idées françaises à celles de nos cousins outre-atlantique en étudiant une année scolaire à L’UQAM, en section féminisme. La mutliculturalité montréalaise enrichit son ouverture d’esprit, apportant un plus à son âme artistique et lui permit de retrouver son premier amour, le dessin.

Je suis une fan invétérée des fripes, des vides dressings, j’adore chiner, l’idée de prendre du déjà fait pour en faire quelque chose de nouveau. En plus de tout le reste, Montréal est une vraie source d’inspiration de ce côté là, j’étais aux anges…

De nouveau toulousaine, fini l’éparpillement, il est temps de dessiner le patron de son avenir. Une mise à niveau en la matière s’impose dans une école qui ferma brutalement ses portes pour liquidation. Loin d’être déstabilisée, la voici engagée dans un BTS design de mode, sur trois ans. Après un stage à Strasbourg, le déclic. Le dessin, la conception, la création, bien sûr, mais la couture était la clé qu’il lui manquait.

Les manches retroussées, le bracelet porte épingles au poignet, elle retourne aux sources et suit une formation de créatrice d’entreprise par le biais du Pôle emploi de Cahors. La machine à coudre est en surchauffe, le premier point est cousu, c’est parti pour la grande aventure et c’est à Cahors qu’elle veut la vivre. Ethique, écologique, engagée et dirigée vers le Upcycling, la marque Sable voit le jour.

« Quand j’ai prit conscience de la quantité d’habits inutilisés, perdus, jetés, cela est devenu évident que mes collections tourneraient autour de l’upcycling. Je ne voyais pas la chose autrement. »

Travaillant seule, elle fait, elle aussi, face au sentiment d’isolement, mais une fois assise près de sa machine à coudre, cela ne dure jamais bien longtemps. Heureuse, elle l’est lorsqu’elle joue sur l’alliance des matières, jean, soie, tissu d’ameublement et bien d’autres, dans le but de confectionner des chapeaux réversibles. En partenariat avec la Croix Rouge, où elle tient une permanence rue nationale, dans le vieux Cahors, elle reversera un pourcentage dès que sa marque décollera, ce qui ne serait tarder. Confrontée aux sous-entendus pessimistes liés à son âge et aux embûches qui ont bien failli briser son projet plus d’une fois, Pauline croit en son futur plus que jamais. Motivée, elle ne va pas s’arrêter là. Décidée, elle est partie pour broder, fils par fils, sa passion alors en pleine ascension. Paris lui trotte toujours dans la tête, mais comme Marine Serre, ce sera un jour peut-être…

Merci Pauline pour tout cela.

mary Jane.

Instagram : Pauline Sable

Mail : sablepauline46@gmail.com